Une randonnée à la découverte des rapaces nocturnes !

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Une randonnée à la découverte des rapaces nocturnes !

Début mars, c’est la fin des vacances scolaires, il me reste encore une semaine pour profiter de la montagne. Je prends mon petit-déjeuner comme tous les matins dans mon appartement à Valberg, face aux reliefs du Haut-Var encore bien enneigés. Le Saint-Honorat et les Aiguilles de Pelens règnent en maître sur ce décor qui ne me lasse jamais.

J’écoute la radio locale et, ce matin, une annonce est réalisée sur la tenue d’un événement organisé par la Communauté de Communes Alpes d’Azur à l’occasion de la « Nuit de la chouette ». Une courte présentation est réalisée par un chargé de mission : « l’hiver bat encore son plein en moyenne montagne, la forêt commence à s’agiter pour quelques espèces qui ne veulent pas perdre de temps avant la belle saison. Les petites chouettes de montagne commencent leur parade nuptiale. Pour cette occasion, nous souhaitons vous proposer de nous accompagner lors d’un suivi de ces espèces, sur une forêt où nous avons mis en place des mesures de protections…».

Pas de temps à perdre, je prends mon téléphone et m’inscris pour cet événement. C’est l’occasion ou jamais de me mettre dans la peau d’un naturaliste… Et puis j’ai toujours rêvé d’entendre ou de voir une chouette.

15h30, rendez-vous au hameau des Moulins à Sauze

C’est la première fois que je vais participer à une animation sur cette thématique. Je prépare mes affaires suite aux recommandations de l’animateur : écharpe, gants, bonnet, bonnes chaussures, guêtres, boisson chaude, lampe frontale…

Le point de rendez-vous est fixé au hameau des moulins sur la commune de Sauze. Tout excité, je monte dans ma voiture, il est 14h30 et nous avons rendez-vous à 15h30 pour le départ. C’est parti pour la descente à Guillaumes… et puis pour la remontée au village de Sauze. Une épingle, deux épingles, 20ème épingle, j’arrive au village. Le hameau des Moulins est encore indiqué à 6 kilomètres. Je vois le Saint-Honorat se rapprocher, je ne l’avais encore jamais vu d’aussi prêt. Ça y est, le hameau apparaît au détour d’un virage, les cheminées des maisons fument, et j’aperçois le lieu de rendez-vous où l’animateur nous attend.

Des Moulins à Enaux, une traversée en pleine nature…

Tout le monde est là, nous sommes un groupe privilégié de huit personnes, déterminé et excité à l’idée de réaliser cette sortie hors du commun. L’animateur nous présente le secteur, et l’itinéraire que nous allons réaliser. Il vérifie également que tout le monde est bien équipé. Puis, il nous explique que ce suivi « petite chouette de montagne » va être utilisé ensuite pour alimenter les bases de données scientifiques. Heureux d’apprendre le caractère sérieux de cette sortie, je me mets tout de suite dans la peau d’un spécialiste et ouvre grands mes oreilles…

Il est maintenant temps de partir, car les points d’écoute doivent être réalisés deux heures avant et deux heures après le coucher du soleil. La discrétion est le maître-mot de cette sortie, tout le monde chuchote. Le temps est calme, et quelques flocons viennent embellir cette ambiance hivernale.

Dans la peau d’un naturaliste…

Arrivée au 1^er point d’écoute. L’animateur nous explique que l’on va suivre un protocole précis avec un système de repasse qui permet d’imiter le chant des chouettes. Mais attention, car il nous dit aussi que ça peut être perturbant pour ces petits animaux qui sont très territoriaux. On arrive sur les premiers points, quelques minutes s’écoulent et chacun tend l’oreille… rien pour le moment. Ensuite, on utilise une petite enceinte pour effectuer la repasse, et une nouvelle fois, je mets tous mes sens à contribution pour déceler le moindre bruit. Tout le monde est attentif, patient, et profite de cette atmosphère paisible… 4^ème point toujours rien. La nuit tombe et le froid s’installe.

On commence à faire demi-tour pour effectuer les derniers points d’écoute. L’animateur nous précise que, malheureusement, ces suivis ne donnent pas des résultats à tous les coups. Un peu déçu, mais heureux d’être là, on profite d’une petite pause pour manger tous ensemble. On partage un thé chaud au miel et, tout d’un coup, un cri strident et glaçant déchire la nuit. Tout le monde s’interroge, et moi le premier, chouette ? Petite fille en danger ? Ce son m’inquiète et attise ma curiosité. L’animateur nous rassure et nous explique que les rapaces nocturnes ne sont pas les seules à s’activer à cette période puisque ce cri était vraisemblablement celui d’un renard femelle en période d’accouplement…

Retour dans l’obscurité

Il est maintenant 19h30, les étoiles illuminent le ciel et nous rentrons dans un décor féerique. On arrive au dernier point, à quelques centaines de mètres de nos voitures. Encore un dernier petit effort dans le froid, l’animateur pose l’enceinte sur une branche à quelques mètres du groupe.

Tout le monde s’assoit… 30 secondes, 1 minute, et soudain l’animateur lève les yeux au ciel, quelque chose vient de virevolter au-dessus de nous. Je sens une présence non-habituelle, rapide, discrète. Personne ne bouge, personne ne parle. La pleine lune de ce soir-là nous permet de distinguer le découpage des arbres sur le fond du ciel étoilé. Et d’un coup, une petite boule animée s’installe sur une branche à quelques mètres de nous !

Aucun doute, cette fois-ci, c’est bien une chouette. Quelques secondes s’écoulent, hors du temps, je me sens petit face à cet animal qui est chez lui, dans son milieu naturel. On est tous stupéfait de ce spectacle que l’on attendait plus. Puis, la chouette reprend son envol, et disparaît dans l’ombre de la forêt. C’était un instant magique que je garderai en mémoire…

L’animateur nous explique qu’il faut toujours être attentif jusqu’au bout, car la nature nous réserve toujours des surprises… Il est temps de retrouver nos voitures et de rentrer chez nous, les souvenirs plein la tête. Je me rends compte que nous avons eu beaucoup de chance et j’espère pouvoir observer de nouveau un jour ces petites créatures qui aujourd’hui me fascinent encore plus…